lundi 18 février 2008

Le Gros Blanc

Félix Vallotton :
Vue sur le Mont-Blanc
Quand je rentre chez moi, le soir, j’aime voir scintiller les lumières solitaires sur la montagne. Les chalets d’altitude, les dameuses sur les pistes désertées, petites lueurs vacillantes, fragiles. Quelquefois je me gare sur le bord de la route et je descends, admirer tout cela à travers la brume qui sort de ma bouche. Je souffle, et les loupiotes faiblissent… puis réapparaissent. Petites choses éphémères dans ce paysage millénaire. Je me frotte les yeux pour vérifier que je ne rêve pas. Alors, rassurée, je reprends la route.

Et puis, soudain, au détour du chemin, le Gros Blanc se détache sur le crépuscule ! J’aime l’appeler par ce petit nom affectueux, car alors il devient mon pote, mon poteau, mon phare (j’aurai au moins celui-là). Pour aller travailler, je le contourne, je lui tourne autour, je l’enserre, il n’est jamais bien loin. Quand je rentre chez moi, après une absence plus ou moins longue, je guette le moment où il se montrera. Je le devine, je le sens se rapprocher. C’est le premier regard qui compte, quand j’aperçois son large front blanc et que je sens la tiédeur monter en moi. Tout glacé qu’il est, il me réchauffe. Je comprends ce que ressentent les marins quand ils aperçoivent le phare de leur port d’attache.

C’est toujours la grande question à l’approche du panorama : se montrera-t-il ? Ou restera-t-il caché, timide, derrière sa frange de nuages. C’est toujours la surprise. Et s’il est au rendez-vous, c’est toujours le même émerveillement d’enfant. J’ai beau savoir que je serais toujours ébahie par sa présence, ici, à mes côtés, après quelques secondes loin de lui, j’oublie à quel point il est somptueux… 

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