Fous. Nous sommes.

Bruegel l'Ancien :
La chute des
anges rebelles

Raconte le ventre du temps. Allez, raconte, toi qui y as plongé. Dis ce que tu as vu. Décris les entrailles de nos ignorances complices. Le bruit sourd des marteaux, les rouages qui grincent, les pinces voraces, les pièces au rebut. Et puis les autres, tous les autres, chacun à son poste. Heureux papillons volages.

Je vis ! Regarde, je vis ! Mais que savons-nous de la vie ? Que voulons-nous en savoir ? Nous savons. Nous connaissons tous les petits arrangements, ceux qui ne nous épargneront pas. Pas tous en tout cas. Forcément. Et les pas tous, ils vont où ? Nous savons aussi. Mais c’est plus difficile. Impossible d’y survivre. Alors restons ignorants. Il vaut mieux.

J’ai lu "l’inconscient humain est cette chose où nous devons nous rendre munis d’une lampe-torche". Franchement, quelle drôle d’idée ? Et je ne ris même pas. Prendre une petite et timide loupiote là où la lumière est si forte qu’elle nous aveuglerait tous.

Et puis, finalement, nous n’aurons rien gagné au prix de l’ignorance. Quelques millénaires tout au plus. Mais à quel prix ? Y laisser la raison. Fous. Nous sommes fous. Et nous nous enfonçons chaque jour un peu plus. Tous. Et les premiers ne seront que les plus lucides. Ensuite viendront les autres. Tous les autres. Ceux qui résisteront. Un peu. Par peur. Par refus – "non, ce n’est pas possible". Et pourtant…

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